Impossible de passer au travers des séparations qui marquent nos vies. Il y a les incontournables (le départ des enfants, la mort de nos grands-parents etc.) puis celles qu’on n’avait pas prévues (une rupture amoureuse, un licenciement ou une proposition d’expatriation…). Ainsi, certaines pertes sont plus brutales et la souffrance peut être lancinante. Au contraire, d’autres arrivent comme un aboutissement voir un soulagement, après des mois ou des années enfermé dans une relation toxique.
Les statistiques actuelles affichent qu’un couple sur trois se sépare. Se séparer devient alors une banalité sociale alors qu’il s’agit d’un évènement particulièrement douloureux sur le plan personnel. La douleur causée par une séparation est donc totalement sous-estimée. Une rupture aussi amère qu’elle puisse être vécue peut déclencher des dépressions ou des crises d’angoisses allant même jusqu’à enfermer ses victimes dans des refuges tels que l’alcool, la drogue, etc. et les rendre addicts.
Pourquoi une séparation fait si mal ?
Un individu faisant l’expérience d’une rupture amoureuse peut avoir l’impression de ne plus réussir à vivre sans l’autre, que tout ce qu’ils ont bâti à deux est à présent démoli. Des angoisses de séparation archaïques infantiles peuvent surgirent (liées à la perte d’objet au stade oral, anal et phallique, faisant remonter des traumatismes passés).
A moindre mesure, certaines ruptures se limiteront à un sentiment de grande solitude ou de vide.
On comprend donc qu’elle soit insupportable, dévastatrice, libératrice ou traversée dans une forme de sagesse… Une rupture sentimentale est propre à chacun mais généralement éprouvante.
Quant à réagir en niant sa souffrance, ça n’est pas une solution non plus car les émotions ne disparaissent pas ainsi. Elles ont plutôt tendance à s’amasser avant d’exploser à la façon d’une cocotte-minute. Pour rebondir, il faut accepter de ne pas être bien pendant un moment et la durée varie d’un individu et d’une situation à l’autre.
Rappelons que le couple est un support identitaire très fort. Ainsi, certaines personnes ont peur de ne plus exister si elles ne sont plus définies par leur appartenance à leur couple ou à leur famille. En effet, le couple représente une illusion de sécurité : l’individu se construit avec des repères et des projections à venir. Partant de ce postulat, lorsque votre partenaire souhaite rompre, c’est comme si votre équilibre, votre quotidien et vos projets s’effondraient d’un coup d’un seul à la manière d’un château de sable détruit par une vague trop forte. Il s’agit alors d’accepter ce tsunami émotionnel car l’unique manière d’avancer dans cette épreuve, c’est d’accepter que ça soit angoissant.
Mentionnons-le au passage, « l’âge du couple » n’est pas proportionnelle à la douleur. Cette souffrance peut toucher tout le monde, à n’importe quel âge. Ca n’est pas parce qu’un couple a duré quelques mois que la douleur est diminuée car le début d’une relation est souvent fusionnelle et accompagné des hormones du bonheur (sécrétion d’ocytocine et de dopamine) qui ont l’effet de drogues. On peut alors considérer que ce type de séparation entraine un sevrage brusque, assortit du sentiment de manque… de l’autre !
Une des raisons qui explique que la séparation peut-être vécue comme un bouleversement c’est parce qu’ elle oblige les partenaires (et surtout celui qui subit la séparation) à un renoncement qui touche les besoins psychiques les plus importants, lié à la perte d’une personne chère à son cœur, qui a une place de choix avec un pouvoir sur son bonheur (compensant parfois même une faiblesse narcissique).
Comprendre les origines d’une rupture
Quelle que soit l’origine de la rupture, l’équilibre fragile du couple a pu chavirer à la suite d’évènements déclencheurs et révélateurs d’une crise – parmi les exemples classiques : une naissance, une fausse-couche, un deuil, un déménagement, un changement professionnel. Ou plus simplement la baisse de désir, un sentiment d’étouffement ou l’absence de projet de vie etc.
Toujours est-il que les causes de ruptures amoureuses sont multiples mais réveillent le plus souvent des angoisses profondes. Le vécu du couple associe des sentiments d’échec et des affects ambivalents mêlant amour et haine. Et puisqu’avoir aimé l’autre, c’est avoir aimé la meilleure version de soi-même, il faut déverser sa haine sur l’autre qui fait toujours partie de soi pendant la séparation. Cette phase aggrave les personnalités fragiles et engendre une dévalorisation et une perte des repères d’identification.
Ceci explique aussi pourquoi après une rupture, il n’est pas rare de se voir « remettre le couvert » ! On retrouve ainsi ses habitudes – forme de sécurité. Et en effet, il arrive que vivre une rupture sauve le couple dans le cas où la séparation permet de faire le point pour trouver les ingrédients aidant à surmonter la crise et mieux s’aimer ensuite.
Le contraire existe aussi : certains individus se font une montagne à l’idée de rompre puis se sentent carrément libérés, une fois les difficultés liées à la séparation passées.
Dans les deux cas, la séparation se complique quand il y a des enfants puisque la conjugalité et la parentalité sont, la plupart du temps, intimement liées au départ. Les responsabilités liées à la parentalité obligent à entretenir des liens. Donc déconstruire une famille est encore plus dur qu’un couple. Lorsqu’on devient parents, bien souvent les raisons du cœur ne sont plus aussi nettes. Lorsque l’homme ou la femme souffre, la casquette du père ou de la mère peut prendre la relève en dénigrant la blessure pour ne pas chambouler l’équilibre familial.
Un parent n’a aucune envie de voir souffrir sa progéniture et encore moins de le priver de l’autre parent et/ou penser que c’est à cause de lui que son enfant risque d’en baver. C’est d’autant plus douloureux que nos propres peurs et nos psychoses s’ajoutent. Résultat : de nombreux enfants de parents divorcés développent une peur panique du divorce quand ils grandissent.
Normal puisqu’on a tendance à vouloir aller à l’encontre de ce qu’on a connu ! Ces derniers préfèreront alors rester dans une relation qui ne leur apporte plus de satisfaction plutôt que de revivre, à travers leur enfant, leurs propres souffrances passées (dans l’enfance).
Ces peurs peuvent amener des couples à vivre dans le conflit pendant des années. C’est une manière d’entretenir le lien. Le combat, qu’il soit avant ou après la séparation officielle, est une manière de prolonger le couple puisque l’autre, bien que plus aimé voir haï, continue à prendre toute la place. Retenez qu’une séparation mûrement réfléchie est sain pour tout le monde (parents comme enfant(s)). Cela reste une expérience déstabilisante et pénible puisque tous les enfants souhaitent voir réunis leurs parents à la maison mais c’est moins difficile à vivre que des parents qui ne s’entendent plus.
Comme vous l’aurez compris, il n’y a pas de recette miracle pour digérer les séparations. Les séparations ne sont pas uniquement matérielles et physiques, elles doivent se faire sur un plan symbolique et inconscient. Comme les cycles d’un deuil, une rupture peut être comparée à ce processus avec toutes les phases qu’il implique pour retrouver le bien-être.
Que ce soit vous ou l’autre à l’origine de la décision de rupture ou d’un commun accord, la fin d’une histoire peut être vécue comme un parcours du combattant ou comme une renaissance, selon le regard qu’on porte sur cette expérience. Si vous souhaitez être accompagné dans ce changement, je reste à votre disposition pour répondre à vos questions et/ou vous accompagner.
Ambre Franrenet
http://www.ambrecoach.com/