Selon la théorie de l’Analyse Transactionnelle (AT), notre personnalité est constituée de trois facettes qui font la météo dans nos relations, personnelles ou professionnelles. S.B. Karpman (psychologue américain des années 70) a mis en évidence un concept issu de AT qui porte sur une dynamique résumée par un « triangle dramatique ».
Ce modèle s’applique à toutes les interactions humaines : que ce soit dans le domaine personnel, sentimental ou professionnel. Il énonce que, dans certaines situations de conflits, les acteurs vont créer un jeu psychologique au parcours prévisible pour endosser un des rôles prédéfinis et interchangeables du drame.
Les rôles dans le triangle amoureux dramatique
Nous endossons tous, à notre insu, un rôle préférentiel. Sachez repérer le votre parmi les trois suivants :
La Victime :
Dans l´interaction, il s´agit d´une personnalité en souffrance, cultivant des sentiments d’impuissance et de tristesse… Elle a souvent autant besoin d’aide que de critiques pour se sentir malheureuse (bien qu´elle se sente irréprochable). La Victime semble découragée en permanence et incapable de prendre une décision.
Son ton de voix peut être mélancolique, on peut l´entendre dire : »Après tout ce que je fais… » « Je n’ai rien fait pour ça… » Elle attirera alors le comportement d’un Sauveteur pour lui venir en aide et celui d’un Persécuteur qui voudra le persécuter en satisfaisant ses pulsions agressives.
La Victime se méconnait elle-même. Elle se considère comme quelqu’un qui mérite d’être rabaissé ou qui a besoin d’assistance. Elle peut donc être soumise ou rebelle.
Le Persécuteur
Dans le drame du triangle, cette personnalité a la critique facile et tendance à rabaisser les autres en les considérant comme incompétents. Le Persécuteur attaque. Il juge que tous les problèmes sont dus aux autres (surtout les personnalités Victimes). Le Persécuteur pense qu’il contrôle parfaitement la situation et qu´il est indispensable. Il s´agit d´une personnalité colérique et autoritaire, son ton de voix peut être agressif. On peut l´entendre dire : “Si vous m’aviez écouté, vous n´en seriez pas là », « Regarde, ce que je fais »(sous-entendu « c´est mieux ») etc.
Le Persécuteur évacue son agressivité sur la Victime en l’infériorisant, en soulignant par exemple ses faiblessses. Il méconnait la valeur et la dignité de la victime. Sous des allures d’autorité suprême, le monologue intérieur du persécuteur ressemble souvent à : « J’ai l’impression d’être un salaud, mais je m´impose la même exigence que celle que j´exige des autres. Parfois, je me sens le seul à avoir un peu de dignité. »
Le persécuteur a souvent accumulé beaucoup de frustrations dans son histoire et cherche à ce que les autres payent. De façon générale, lorsqu´on juge le comportement d´autrui, il est bon de se poser des questions sur soi – Par exemple : « que s’autorise t´on ? » et à l´inverse « que s’interdit-on ? » : L’imperfection, s´accorder du temps pour lire, etc.
Le Sauveur
Dans la triangulation, le Sauveur a tendance à se voir en position de supériorité. Il se pose en « superman / wonderwoman » que les autres lui demandent ou pas, et inconsciemment il ne veut sauver personne puisqu´il va maintenir la Victime dans son rôle. Malgré cela, le Sauveur se considère comme une personne foncièrement bonne et réconfortante.
« Je comprends tout à fait », « Ne t´inquiètes pas, je m´en occupe », « À ta place, je… » sont des paroles récurrentes du Sauveur. Le Sauveur prend sa légitimité lorsqu’il trouve une Victime à sauver de l’attaque d’un Persécuteur. Il se persuade que la Victime ne peut se défendre seule. Le Sauveur se pense plus compétent que la Victime pour décider de ce qui est bon pour elle et pour l’aider.
Le sauveur doit prendre conscience que son besoin maladif d’aider les autres ne sert avant tout qu´à nourrir son ego. Ainsi, pour sortir de ce type de sauvetage, je conseille de lister les cinq conditions d’une « aide saine » :
La demande d’aide doit être clairement verbalisée. Cadrée dans le temps et dans son contenu (« Voilà ce que je peux faire pour toi, jusqu’à… »)
L’aide doit comporter une contrepartie afin que l’autre ne se sente pas en dette ; L’aidant ne doit jamais faire plus de 50 % du chemin et doit s´assurer que la personne aidée a fait sa part. L’aide doit toujours avoir pour but de rendre l’autre autonome. Dans chacun des 3 rôles, notons qu’aucun ne perçoit la réalité. Le drame commence lorsque ces rôles sont établis ou pressentis et se concrétise au moment où il y a un changement dans le rôle des intervenants.
Le fonctionnement du triangle dramatique
On entre dans le triangle par n’importe quelle face et l’on peut changer de côté donc de rôle à n´importe quel moment.
Les acteurs du jeu manquent de compassion et sont cantonnés dans leur rôle du moment. Ce jeu psychologique va offrir à chacun une identité et chaque acteur va devenir dépendant des autres.
Quel que soit la position prise, le jeu créé une tension et engendre la souffrance. Le rôle central est tenu par la Victime (sa culpabilité nourrit le jeu, laissant tourner en rond le processus, du moment que les acteurs ont un rôle). Le triangle est ensuite alimenté par le changement de rôle : Par exemple, la Victime devient Bourreau, Le Sauveur devient Victime ou Sauveur, etc… L’interaction peut mettre en scène deux, trois ou plusieurs acteurs.
Se sortir d’un triangle amoureux
Nous avons tous la possibilité de sortir du jeu voir même de ne jamais y entrer. Le comportement le plus efficace est la « non défensive », la mise à distance de ce qui est dit, prendre conscience du jeu psychologique qui s’offre à vous pour mieux le refuser.
Face à une ou des réponses non défensives, les arguments de l’autre s’épuiseront. Il ne s´agit pas de faire des compromis mais d´être capable d´écouter son partenaire et de prendre en compte sa réalité.
Ainsi, toutes les fois où vous êtes mal à l’aise dans une relation, il se peut que vous soyez dans un triangle dramatique, en train de jouer l´un des trois rôles. Pour pouvoir se sortir du triangle il faut bien sûr le repérer. Ainsi, lorsque l’on soupçonne un message caché venant de son partenaire, il faut pouvoir le décoder en posant des questions telles que : « Qu’est-ce que tu veux dire ? », « Qu’est-ce que tu attends de moi ? »…
Je suggère de :
– Prendre conscience de votre rôle et des autres dans un triangle dramatique,
– Etre convaincu du caractère négatif du jeu,
– Prendre du recul face aux situations propices à la création du triangle dramatique,
– Ne pas entrer dans le jeu en refusant de mettre le costume tendu, sortir de la situation,
– Jouer la carte de l´honnêteté : dire ce que vous pensez sans vous mentir dans les situations difficiles,
– Se respecter et respecter autrui, assumer sa responsabilité sans se sentir coupable,
– Négocier pour pouvoir gérer la complexité des situations : penser groupe ou couple et non individu émotionnellement trop dépendant.
– Dans la sainte folie du couple, il faut que chaque partenaire prenne conscience de son rôle et de la façon dont il s´est créé.
– Il s´agit surtout d´accepter de devenir responsable de sa propre contribution aux difficultés du couple. Les partenaires doivent comprendre qu’ils ont le choix, c´est-à-dire qu´un Persécuteur ne peut pas vous forcer à être Victime et réciproquement : « pas de bourreau sans victime ».
Comme vous l´avez vu, que vous soyez tantôt Victime, Sauveur ou Persécuteur, nous jouons tous, à des moments différents, ces rôles. Prenez conscience aujourd´hui qu´ils sont tous destructeurs, d´où l´importance de les reconnaître, pour mieux s’en détacher.
Et pour vous aider à sortir des jeux psychologiques, je peux vous accompagner.
Ambre Franrenet